Dossier spécial appâts à carpe : Tout sur la bouillette !

Voici un appât qui fascine depuis des décennies : la bouillette. Dans cet article, je vous propose de découvrir le chemin qu’elle a parcourue pour arriver à l’appât que nous connaissons tous aujourd’hui, mais aussi tout savoir sur la composition d’une bonne bouillette, de comment choisir ses farines en passant par les additifs qui font la différence.

La bouillette : un appât mûrement réfléchi

De nos jours, pêcher la carpe avec des bouillettes est quelque chose de tout-à-fait classique, mais cela n’a pas toujours été le cas. Pour comprendre pourquoi et comment cet appât est né, un rapide retour en arrière est nécessaire.

La façon dont nous avons utilisé les appâts pour pêcher la carpe est restée quasiment inchangé depuis toujours. Nous avons tous (ou presque) le souvenir de nos grands-pères (ou grands-mères 😉 ) pêchant avec du pain, des morceaux de patate ou encore de gros vers de terre. Tout allait bien dans le meilleur des mondes et il n’y avait aucune raison de changer d’appât puisque les carpes se faisaient piquer encore et encore de cette façon… jusqu’à ce que la pression de pêche en Angleterre s’intensifie. Nos amis anglais avaient en effet de plus en plus de mal à sortir des carpes car elles devenaient tout simplement de plus en plus méfiantes, même avec des appâts “naturels”. Il fallait alors trouver des solutions car les poissons se faisaient beaucoup moins piéger.

Fred Wilton, Rod Hutchinson et les autres…

Touchés mais pas coulés, en matière d’appâts, les Anglais ont plus d’un tour dans leur sac et se sont mis à en tester de nouveaux très prometteur. Dès le début des années 60, certains carpistes anglais ont pu s’apercevoir que les carpes adoraient la viande, notamment en pêchant avec de la pâtée pour chiens et chats, qu’ils mélangeaient avec de la farine, de façon à obtenir une sorte de pâte. Le début d’une petite révolution…

Cela marchait très bien pendant un moment, mais s’ensuivait toujours le même constat : les carpes finissaient par ne plus s’y intéresser !

C’est alors que dans les mêmes années, un certain Fred Wilton s’est fait connaître par une théorie qui allait révolutionner le monde des appâts : la théorie des HNV. Fred Wilton était sûr d’une chose. Selon lui, il était possible de créer un appât qui répondrait parfaitement aux besoins alimentaires des carpes : protéines, matières grasses, minéraux, etc. (ce qu’aucun appât n’était capable de couvrir indépendamment). En allant encore plus loin, il pensait que la carpe en ferait sa nourriture principale, à condition bien sûre de lui fournir la quantité suffisante pour couvrir tous ses besoins, à partir de ce moment, la porte était grande ouverte…

Mais malgré cette formidable avancée dans le domaine des appâts à carpe, beaucoup de carpistes n’avaient pas bien compris la théorie de Wilton et se cantonnaient à fabriquer des appâts à hautes valeurs protéiques. La grande tendance alors était de créer des appâts avec des protéines dérivées du lait puisque leur teneur en protéines est très élevée (environ 80%). Malgré quelques résultats, beaucoup se cassaient les dents avec ce nouveau type d’appâts. Mais tout n’était pas perdu.

rod-hutchinson

Pendant que beaucoup s’arrachaient les cheveux pour trouver la bonne formule, Rod Hutchinson lui, en profitait pour sortir poisson sur poisson sur le célèbre plan d’eau réputé difficile : le Redmire Pool. Sa formule était simple, il pêchait uniquement avec des… graines. Chènevis, maïs ou encore haricots, étaient la base de son amorçage. Pendant que les autres carpistes utilisaient des appâts prometteurs mais mal équilibrés, lui était revenu à quelque chose de beaucoup plus basique, avec succès pendant quelque temps…

C’est alors que sont apparus aux yeux des carpistes les granulés pour poissons (aujourd’hui connus sous le nom de pellets). Ils servaient à nourrir les truites et leur composition avait été étudiée de façon à répondre parfaitement aux attentes alimentaires des poissons et les faire grossir de façon exponentielle. Voilà enfin un appât équilibré qui se rapprochait de la théorie de Fred Wilton. Il fut testé avec succès et on avait enfin compris ce qu’était un appât équilibré.

Le commerce de la bouillette était lancé

En France, bien que nous n’ayons jamais subi une pression de pêche comparable à nos amis anglais, nous nous sommes tout de même largement inspiré de ce qui se faisait Outre-Manche en matière d’appâts, et quelques années plus tard, c’est tout naturellement que les rayons des détaillants de pêche ont commencé à se remplir par un nouvel appât : la bouillette. En tenant compte de ce qu’on avait appris, on était alors capable de créer un appât équilibré répondant aux exigences alimentaires des carpes. Le commerce de la bouillette avait enfin démarré. Même si tout n’était pas parfait, c’étaient des appâts de bonne qualité qui allaient être améliorés d’année en année. Avec l’apparition des bouillettes, sont alors nés beaucoup d’arômes encore très connus aujourd’hui, tels que le scopex ou encore le tutti-frutti mais qui étaient à l’époque plus un effet de mode qu’ils n’avaient une réelle efficacité.

De nos jours, de grandes quantités de bouillettes sont fabriquées

De nos jours, de grandes quantités de bouillettes sont fabriquées

Nous voilà donc de nos jours avec toutes ces connaissances sur la bouillette, et après en avoir trouvé de toute sorte chez nos détaillants, il paraissait naturel que beaucoup de carpistes allaient passer derrière les fourneaux pour fabriquer eux-même leurs appâts. Surtout que l’on a vite trouvé tous les additifs pour pouvoir faire de “vraies” bouillettes maison.

La composition d’un bon mixmix-carpe

Outre le fait qu’une bouillette doit être bien équilibrée pour rentrer dans le cercle alimentaire de la carpe, à l’heure d’aujourd’hui, il reste encore beaucoup d’interrogations sur ce que doit être une bonne bouillette. En effet, il y a tellement de farines diverses et variées qu’il est souvent très difficile de composer un bon mix. Ajouter à cela une dose de marketing et vous obtenez un vrai casse-tête pour nous, simples apprentis bouillettistes.

Mais alors comment s’y retrouver ? Et comment faire un bon mix ?

Avant toute chose, à l’heure d’aujourd’hui, vous vous demandez peut-être quel est l’intérêt de faire encore ses bouillettes maison alors qu’on a un choix énorme en magasin ou sur internet. Je pense que la meilleure réponse est que lorsque l’on s’intéresse de très près à la pêche de la carpe (lorsqu’on est passionné), l’évidence est toute trouvée : l’envie de se perfectionner et de mettre toutes les chances de son côté pour prendre du poisson. La connaissance des ingrédients exacts qui composent une bouillette va évidemment dans ce sens. On peut alors choisir ses farines en fonction des conditions de pêche, de la qualité de celle-ci ou encore du poisson recherché. Ou alors, avec une technique encore plus avancée, il est même possible de faire un mélange de farines pour créer des bouillettes à densité neutre (pour pêcher sur la vase), plus lourdes (pour les lancer au lance bouillettes plus loin), plus dur (quand vous pêcher des endroits où il y a des nuisibles), etc. En bref, avec un peu de savoir-faire, il est possible de créer la bouillette “parfaite” pour chaque situation de pêche, contrairement à celle achetée toute prête qui s’adresse à “tout le monde”.

La pêche commence derrière les fourneauxfabrication-de-bouillettes

Avant d’aller déposer ses lignes au bord de l’eau, la pêche commence donc à la maison avec la confection de bons appâts. Voyons donc ensemble les farines les plus utilisées pour faire ses propres bouillettes et ce qu’elles apportent. Avec cette petite sélection basique, vous serez en mesure de confectionner la plupart des mix pouvant répondre à la majeure partie des situations.

Note : gardez à l’esprit qu’il existe des dizaines et des dizaines de farines différentes et que selon moi, il vaut mieux se concentrer sur les basique plutôt que de se disperser dans tous les sens avec d’autres qui n’ont en réalité que peu d’intérêt. Ceci étant dit, voici ma petite sélection :

Les farines végétales

La farine de maïs. L’efficacité du maïs n’est plus à prouver. Cette farine, riche en glucides (environ 70%), peut constituer la base d’un mix à raison de 30% à 50%. Attention tout de même car au-delà de 30%, vos bouillettes auront tendance à durcir. Cela peut être très pratique dans certaines situations, mais ce phénomène a tendance à diminuer la diffusion des différents attractants, il faudra alors équilibrer par une farine soluble (type lait en poudre).

La farine de soja gras. Voici une autre farine de base pour faire un bon mix. Très riche en protéines (35%) et en matières grasses (20%), équilibrée et très digeste, la farine de soja gras est donc très intéressante d’un point de vue nutritionnel et peut être incorporer jusqu’à 40% au mélange.

La semoule de blé. Son prix modique et à son taux élevé en hydrates de carbone fait que la semoule de blé peut entrer dans la plupart des recettes de bouillette. Sa teinte claire accepte également très bien les colorants. En bref, un ingrédient passe partout. Note : la semoule de maïs ayant sensiblement les mêmes particularités, nous pouvons donc utiliser l’une ou l’autre.

La farine d’arachide. Cette farine, obtenue à partir de la cacahuète, est très riche en huile (jusqu’à 40%) et en protéines (environ 40%). C’est une farine très appréciée des carpes mais elle ne doit pas être incorporée en grande proportion (de 10 à 20% maximum), sinon gare aux problèmes de roulage. Sachez également que cette farine se conserve très mal, je vous conseille donc de ne pas l’acheter en grande quantité.

Le bird food (nourriture pour oiseaux). Utiliser depuis de nombreuses années déjà, le bird food, de par sa granulométrie, sert essentiellement à aérer la structure de l’appât et à favoriser la dispersion des arômes et additifs. On peut donc en incorporer lorsque l’on pratique des pêches rapides par exemple.

Farine de chènevis grillée. Obtenu à partir du chanvre, le chènevis a été très employé par les pêcheurs au coup, jusqu’à ce qu’il fasse son apparition dans le monde de la carpe. Cette farine est très riche en huile (environ 30%) et en protéines (environ 25%). Elle est également très odorante et donne un type bien particulier aux bouillettes. A incorporer de 10 à 25%.

Les farines animales

La farine de poisson. Un grand classique, la traditionnelle farine de poisson est un mélange de différents poissons marins. Riche en protéines (60%), elle est très prisé des carpes. A incorporer de 10 à 25% dans votre mélange. Pour une qualité supérieure, je vous conseille de prendre la farine LT 94 puisque cette farine est issue d’un processus plus rigoureux. Dans la famille farine de poisson, d’autres sont venues compléter celles déjà existantes (le mélange de différents poissons). On peut donc maintenant trouver des farines telles que la farine de thon, la farine de saumon, la farine de sardine, etc. Garder tout de même à l’esprit qu’elles ont sensiblement les mêmes particularités mais que leur coût est… plus élevé.

La farine d’écrevisse. Cette farine est très intéressante puisque l’écrevisse représente une grande source de nourriture pour les carpes. A incorporer de 10 à 15%.

La farine de frolic. On ne présente plus le Frolic. Même si on ne trouve pas de la farine toute prête, il est très facile de la broyer et de l’incorporer dans notre mélange (de 20 à 40%)

La farine de pellets. Cette farine est très intéressante puisque, comme nous l’avons vu tout à l’heure, les granulés pour poisson sont très complet et très digeste. Vous pouvez donc en incorporer jusqu’à 50% du mélange. Attention toutefois car le roulage peut devenir compliqué.

La caséine. La caséine est un dérivé du lait très riche en protéines (80%). Elle permet essentiellement de rehausser la teneur en protéines dans un mix végétal. A incorporer à hauteur de 10 à 20%. Son prix est tout de même un sérieux handicap pour confectionner de grandes quantités d’appâts.

Le lait en poudre. Autre dérivé du lait, cette poudre soluble dans l’eau peut être incorporé dans la plupart des mix. Sa solubilité favorise la diffusion des attractants. A incorporer à raison de 10 à 20%.

Les additifs pour faire ses bouillettes

Là encore, voici une sélection de différents additifs que l’on trouve dans le commerce pour la confection de nos bouillettes. Les additifs permettent souvent de mettre en valeur une bouillette et de lui apporter une attraction supplémentaire. Le but étant que la carpe trouve rapidement notre appât. Bien combinés, les additifs sont un vrai plus, mais mal utilisés, ils ne sont d’aucune utilité, pire, ils peuvent agir comme répulsif. Attention donc à ne pas en abuser.

La poudre de kelp. Le kelp est une algue marine qui a la particularité d’être très apprécié des amours blancs.

La poudre de spiruline. La spiruline est une algue très riche en protéines (environ 70%), à l’instar de la poudre de kelp, elle est également très prisée des amours blancs.

Les émulsifiants. Cliquez ici pour lire mon article complet sur les émulsifiants.

Les sweetner. Les carpes adorent le sucre, ceci est un fait. C’est donc tout naturellement que les fabricants ont créé un additif au pouvoir sucrant pouvant augmenter considérablement le pouvoir attractant de la bouillette. Le sweetner peut entrer dans la plupart des recettes.

La bétaine. Présente depuis de nombreuses années déjà, son efficacité n’est plus à prouver. La bétaine est extraite de la betterave à sucre. Elle fait partie de la catégorie des stimulateurs d’appétit.

Les protéines de poissons solubles. Fabriquées à partir de farines de poissons, les protéines de poissons sont très digestes et soluble dans l’eau. Très riches en protéines (environ 90%), elles permettent de faire véhiculer un message chimique que ce soit en eau froide ou en eau chaude.

Le robin red. Cette poudre de couleur rouge, a prouvée à maintes reprises toute son efficacité. Malgré que ses ingrédients soient tenus secrets, on sent une forte odeur d’épices. Son côté passe partout fait que le robin red peut entrer dans la composition de presque toutes les recettes.

Pour finir, il y a aussi des additifs naturels que je recommande. D’une, ils sont très efficaces, et de deux, ils coûtent beaucoup moins chers.

Le sel. Le sel est un excellent stimulateur d’appétit. De plus, il permet une bonne conservation des bouillettes. De ce fait, il peut être incorporé dans chaque recette à raison de deux à trois cuillères à soupe.

Le sucre. Il remplace le sweetner dans les recettes. On peut le trouver sous différentes formes. Personnellement, j’utilise des sucres liquides ou des édulcorants du type aspartame.

La sauce nuoc-mam. C’est une sauce chinoise que l’on trouve dans tous les supermarchés à moindre coût composé de poissons et très salé.

Le viandox. Produit à peu près similaire à la sauce nuoc-mam, si ce n’est qu’il est composé de viande.

Les huiles essentielles. Les huiles essentielles sont obtenues après distillation. Plus coûteuses, elle restes néanmoins une valeur sûre. Très concentrée, 5 à 10 gouttes d’huile essentielle suffisent pour 1kg de bouillettes.

Les épices en poudre. Les épices de type paprika, curcuma ou curry, apportent à la bouillette une saveur bien particulière. Certaines épices sont même très bonnes pour la digestion des poissons comme la cannelle par exemple.

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