Réussir son amorçage à long terme (ALT)

Qui n’a jamais rêvé de déballer son matos pour quelques jours de pêche et d’enchaîner les départs grâce à un amorçage rondement mené ? Evidemment, si je vous pose cette question c’est que le but suprême d’un amorçage à long terme est principalement de concerner une bonne population de carpes sur notre zone de pêche. Et qui plus est, de les accoutumer à nos appâts de façon à “concurrencer” (toutes proportions gardées) la nourriture naturelle. Mais comment réaliser un bon amorçage à long terme ?

Vous trouverez dans cet article un exemple concret d’un déroulement “classique” d’un amorçage à long terme (ALT). Bien sûr en fonction des conditions de pêche de chacun, cela peut être différent, mais la base est là comme dirait l’autre  😉

Quelle est la différence entre un amorçage à long terme et un pré-amorçage classique de quelques jours ?

Il me paraissait important de soulever cette interrogation car nous sommes souvent tenter de confondre les deux. Pourtant il y a une réelle différence par rapport à un amorçage classique. Dans un amorçage classique, le but est de réunir sur plusieurs jours quelques poissons quotidiennement sur une zone précise et de “profiter” de ces visites le jour venu, et ce quel que soit l’appât. Voilà pour les grandes lignes.

Avec un amorçage à long terme, ce n’est pas uniquement la durée qui détermine de quel amorçage il s’agit, même si bien sûr cela fait partie des critères, mais c’est surtout la méthodologie qui rentre en compte.

L’idée est de se dire que l’on arrive sur un plan d’eau vierge, le but : réussir à faire en sorte que ces poissons qui n’ont jamais vu nos appâts de leur vie (on fait comme si, vous l’aurez bien compris), en fassent une habitude alimentaire à terme. Et peut-être ce qui est plus intéressant encore : obtenir des résultats également sur différents postes, que ce soit en plan d’eau ou en rivière par exemple. Le but ultime est donc en quelque sorte, toute proportion gardée, de “concurrencer” la nourriture naturelle présente.

Il est possible donc de remettre les “compteurs à zéro” quel que soit l’endroit (ou presque) et d’accoutumer les poissons de façon durable avec NOS appâts, même si les résidents des lieux n’y ont jamais vu la couleur. Intéressant, non ?

Avantages et inconvénients d’un amorçage à long terme

Comme toute technique, un amorçage à long terme a des avantages mais aussi des inconvénients. Cependant, les avantages sont tout de même beaucoup plus nombreux. Le principal étant bien entendu de pouvoir accoutumer les poissons sur une zone prédéfinie (qui est être très large) avec nos appâts, et cela sur une période plus ou moins longue, pouvant aller de un mois (grand minimum), à plusieurs mois (deux à quatre mois, voire plus).

Au bout d’un certain temps (la durée peut varier selon les endroits), de plus en plus de carpes font de la zone amorcée régulièrement, une étape alimentaire “à faire” dans leur recherche de nourriture quotidienne, c’est tout du moins le but recherché. La récurrence est donc le maître mot avec cette stratégie d’amorçage pour en tirer pleinement partie.

Donc vous allez me dire : ça a l’air d’être une super technique en toutes circonstances, mais quelles peuvent être les inconvénients ? Et bien pour moi il y en a trois :

  1. pour l’avoir fait plusieurs fois, ce n’est pas très efficace sur des grandes étendues d’eau, typiquement les lacs de plusieurs dizaines voire plusieurs centaines d’hectares (je pourrais essayer de vous expliquer le fond de ma pensée sur le pourquoi, mais je pense que cela fera l’objet d’un article complet  😉 ). Mais pour faire court, plus c’est grand, plus l’amorçage doit être conséquent et plus il faudra de temps pour accoutumer les carpes. Et en plus ça coûte beaucoup plus cher…
  2. Les poissons sont en général “calibrés”. Avec ce genre d’amorçage, les mémères se font plus rares. Les poissons qui visitent quotidiennement notre zone amorcée font généralement partie d’un groupe d’individus de morphologie à peu près similaire. Les plus gros sujets sont quant à eux plus solitaires (la plupart du temps), et restent généralement en retrait par rapport à ce type d’amorçage où la frénésie alimentaire est au rendez-vous, même si avec le temps, certains sujets peuvent finir par rentrer dans l’amorçage.
  3. Pendant toute la période d’amorçage, il est largement préférable de laisser le poste vierge de toute pêche pour que le processus soit vraiment efficace et que les carpes viennent se nourrir en toute confiance. Donc cela peut vraiment être frustrant de se taper des trajets incessants simplement pour amorcer sans pouvoir y déposer ses lignes, de plus ce type d’amorçage a un certain coût.

Ceci étant dit, voici maintenant l’exemple d’un déroulement d’un amorçage à long terme. Gardez à l’esprit qu’il ne s’agit que d’un exemple et qu’il est possible de modifier plusieurs facteurs, comme la quantité d’appâts en fonction de la destination et du cheptel, la durée d’amorçage ou de pêche, etc.

J – 35 : choix de la destination et observation

Environ 35 jours avant le jour J (jour de la pêche donc), il est important de définir précisément l’endroit où l’on va déposer ses lignes. En général, plusieurs options s’offrent à nous concernant la destination, mais nos choix peuvent s’affiner selon deux ou trois critères (variable selon chaque personne). Pour ma part, j’en ai deux qui définissent vraiment les choses :

  • mes envies. Nous avons tous nos préférences quand il s’agit de pêcher à tel ou tel endroit (c’est donc un choix très personnel)
  • La saison (de mon côté, c’est un paramètre déterminant). La saison comme chacun le sait joue un rôle important sur le comportement des poissons d’un point de vue alimentaire. C’est donc une donnée importante (capitale), selon moi. De mon côté par exemple je privilégie les eaux courantes en plein cœur de l’été et évite de façon générale les étangs de plus ou moins faibles profondeurs à la même période, car les poissons s’y alimentent moins par forte chaleur, etc.

Pour choisir sa destination, je compose donc simplement avec mes envies et je fais preuve d’un peu de bon sens  😉

Après avoir choisi l’endroit où l’on déposera nos lignes, il faut maintenant choisir son poste de pêche. Même si les grandes lignes d’un amorçage à long terme s’appuient sur le fait de pouvoir avoir des résultats un peu partout sur le même site, il est tout de même capitale d’observer au mieux le comportement des poissons, au risque d’aller au devant de quelques désillusions (ou en tout cas, d’avoir de moins bons résultats).

Pour ma part, le choix du poste se fait souvent au feeling, certains appellent ça le “sens de l’eau” ou encore l’expérience. C’est vrai qu’avec le temps, il est plus facile de repérer les postes qui “sentent” le poisson, même si on peut parfois se planter, évidemment.

Sinon la bonne vieille méthode consiste à prendre quelques heures de son temps pour repérer de bons spots en se baladant simplement au bord de l’eau (ce qui de plus est fort agréable  😉 ). Et pour aller plus loin et se conforter dans ses choix, il est même conseillé d’observer les éventuels signes de présence de poissons sur ces zones, même si ce dernier point n’est pas un critère déterminant, contrairement à ce qu’on pourrait penser car les poissons se déplacent régulièrement.

J – 33 : le choix des appâts

Il y a une étroite corrélation entre le choix de la destination et du poste qu’on a choisi, avec le choix des appâts qui constitueront un amorçage à long terme. Il y a une règle d’or pour bien choisir ses appâts pour constituer un amorçage à long terme : tous les appâts choisis doivent facilement être assimilables et bien digestes. A partir de là, il y en a un qui tire son épingle du jeu : les bouillettes !

Un conseil tout de même : au vu des quantités importantes que l’on va cumuler au cours d’un amorçage à long terme, amorcer uniquement à la bouillette peut sévèrement faire mal à votre portefeuille. Dans ces cas là, je vous suggère plutôt de rouler vos propres bouillettes. Pour avoir quelques recettes pas chères, vous pouvez lire cet article qui vous donne quatre recettes de bouillettes maison très économiques et adaptées pour ce type d’amorçage (surtout la dernière)

Et surtout par pitié, n’achetez pas des bouillettes “Eco +” style 😉 , vous vous tiriez une balle dans le pied.

J – 25 : le premier amorçage

Quelques jours après avoir préparé vos bouillettes ou les avoir achetées, il est l’heure d’aller au bord de l’eau pour le premier amorçage.

Les premiers jours d’un amorçage à long terme sont souvent l’occasion de ratisser le plus large possible. De ce fait, sans aller jusqu’à amorcer le moindre centimètre carré d’un plan d’eau, il est possible (conseillé) d’amorcer partout autour du plan d’eau, même si celui-ci compte une dizaine d’hectares ! (exemple donné à titre indicatif). Ne cherchez pas à être précis et dispersez grossièrement vos appâts. Le mieux et le plus pratique est évidemment de le faire d’une embarcation, c’est plus rapide.

Question quantité, cela varie d’un endroit à un autre, car il faut souvent composer avec le cheptel présent ainsi qu’avec les nuisibles qui peuvent être très concentrés sur certains sites. Ne négligez surtout pas cette donnée au moment d’amorcer, au risque de ne nourrir que les indésirables et de passer à côté d’un amorçage réussi. 

2 à 3 kgs d’appâts tous les deux jours pendant une quinzaine de jours est selon moi une bonne base d’amorçage (on dirait une prescription de médocs  :mrgreen: ) .

un sac de ce type est très pratique pour transporter tous ses appâts           crédit photo : Tim Creque

J – 24 à J – 10

Pendant une quinzaine de jours (cela représente environ 7 ou 8 amorçages), répétez l’opération, soit environ deux à trois kgs d’appâts bien éparpillés.

J – 10

Certains amorcent parfois avec d’autres types d’appâts pour des raisons économiques, mais lors d’un amorçage à long terme, je conseille vivement de n’utilisez que des bouillettes. En tous cas si vous le pouvez d’un point de vue financier, terminez impérativement les 10 ou 12 derniers jours de votre amorçage avec de la bouillette pure uniquement. Pourquoi ? Tout simplement car une bouillette bien équilibrée et bien digeste apportera tout ce dont la carpe à besoin au niveau nutritionnel. Mais je le répète, pour qu’un ALT fonctionne au mieux, il faut effectuer un amorçage à la bouillette uniquement.

A ce stade, continuez de ratisser une zone assez large d’amorçage. Il ne faut surtout pas concentrer vos appâts. Continuez comme ça jusqu’au jour J (toujours un amorçage tous les deux jours)

une bonne bouillette apportera tout ce dont les carpes ont besoin d’un point de vue nutritionnel

Jour J

Nous avons donc amorcé pendant presque un mois à raison d’un amorçage tous les deux jours. Sachez que pour une efficacité encore supérieure, il est possible d’amorcer pendant des mois !  Mais même en n’amorçant que quelques semaines, nous disposons donc maintenant d’une technique puissante pour mettre au sec pas mal de poissons qui auront assimilé nos appâts pendant une longue période. Arriver au bord de l’eau, placez simplement vos cannes sur des zones de pêche de façon logique et pleine de bons sens, l’amorçage ayant fait le plus gros du travail pour vous.

Bonne pêche  😉

Ce que vous pouvez faire maintenant : si vous le souhaitez, vous pouvez me laisser un commentaire juste en dessous de cet article en me disant comment vous, vous procédez pour mettre en place un amorçage à long terme. Merci d’avance pour le partage et les nombreux lecteurs que vous aiderez par la même occasion 😉 

PS : en plus je verrais ceux qui lisent mes articles jusqu’au bout 😀

Pour aller plus loin : 

Mon guide “Le secret des bouillettes maison”. Pour devenir incollable sur la fabrication des bouillettes maison

Mon guide “Faire le montage Parfait”. Pour savoir réaliser les meilleurs montages pour la pêche de la carpe et savoir dans quelles conditions les utiliser

Recherches utilisées pour trouver cet article :https://www blog-de-la-carpe com/amorcage-a-long-terme/, alt carpe, pre amorçage carpe, amorcage a long terme carpe, recette alt carpe, alt peche carpe, recette bouillette pour alt, amorçage a long terme en bouillette en hiver, amorçage à long terme faut il amorcer toujours à la même heure, amorcage alt carpe rhone

5 replies on “Réussir son amorçage à long terme (ALT)

  • fredbarbier

    Bonjour, blogcarpe, pour moi je pêche souvent en spote, sac soluble plus une assiette pour attirer le poissons sur 1 m2 des fois ça marche ou pas en choisissant pourtant le spote idéal, selon la saison, pour ma propre expérience les plus gros tableau pour des poissons avoisinant entre 2 et 6 kg pour un amorçage pendant 4 jours à la volet le plus large possible, composé de mélange de fèves, noix tigree, tout ce que la carpe apprécié toute l’ année pour 2kg pendant 4 jours et à la même heure et le 5en50 jours le poisson est au RDV la sur un plan d’eau de 5 hectares difficile, moins de poisson, plein de chat, écrevisses, et 70 pour cen’y d’herbe, je sui un des derniers à y pêcher la carpe!!!! Sinon un amorçage de bordure sur plusieurs mètres comme un chemin sèche à la moitié de la distance et l’autre sèche à la fin de celui-ci et bien sur encore d’autres anecdotes de types d’amorçage….. Bonne dérouleet merci au blog cela m’approfondit sur une pêche qui peut être cassé tête sinon il reste l’intuition ça arrive à BIPBIPbippp!!!

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  • Emmanuel

    Moi je debute la peche a la carpe, je m’aperçois que les appats , les ammorcages représentent un gros budget si l’on achete du pret a lemploi.
    Ma strategie aujourd’hui est de les preparer moi même, principalement les bouilettes.
    Voila maintenant, je viens de decouvrir quelques recettes a travers le blog sympa , ma question est , comment preparer tout cela , y a til un ordre particulier pour melanger les ingredients?..

    Dans lattente de vous lire

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    • Freddy

      Salut Emmanuel, oui tu as tout à fait raison, lorsque tu achètes tous tes appâts dans le commerce, ça peut coûter très cher ! Fabriquer ses bouillettes maison est certainement LA solution pour faire de grosses économies. Pour répondre à ta question sur le déroulement de la fabrication des bouillettes, voilà comment tu peux t’y prendre :

      1 – Dans un récipient suffisamment grand, mélange les différentes farines entre elles (si tu as des additifs en poudre de type Robin Red, tu peux également les ajouter à ce mélange)
      2 – Dans un autre récipient, mélange les oeufs en les fouettant, puis ajoute les différents additifs liquides (arôme, attractants, etc)
      3 – Ajoute la farine peu à peu aux oeufs jusqu’à l’obtention d’une pâte ni trop collante, ni trop dure.
      4 – Avec la pâte obtenue, forme des boudin de façon à les faire rentrer dans ton pistolet à bouillette
      5 – Installe la buse de bon diamètre sur le pistolet (attention car la pâte s’élargie un peu au sortir du pistolet)
      6 – Sort des boudins de la longueur de ta table à bouillettes, puis roule les billes
      7 – Fais les cuire ensuite dans de l’eau bouillante jusqu’à ce qu’elles remontent à la surface (quand elle sont toutes remontées, les bouillettes sont cuites), il suffit de les retirer avec un écumoire et de les laissé sécher sur un séchoir à bouillettes quelques jours.

      Voilà c’est la version très simplifiée, mais j’espère que cela t’auras aidé, à bientôt, Freddy 😉

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  • laurent gruer

    bonjour,
    pour pratiquer régulièrement des alt, la zone couverte par l amorçage doit être très large et les appâts bien dissémines. on conditionne les poissons sur un appâts pas sur une zone. Sinon c est un amorçage de zone et non un alt.
    un alt, c est environ 1kg de bille pour 1ha d’eau sur l ensemble du plan d eau. ce qui est long, fastidieux et pas adapte a tous les plan d eau.
    le but est que tous les poisson puissent gouter les appats, et prendre confiance.
    ce qui permet de toucher ensuite quasi tous les poissons du plan d eau.

    mais le placement du montage et la recherche des spots de peche reste primordiale meme avec cet amorcage.
    cordialement
    Laurent

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